La conciliation études et travail ne fait plus de doute pour personne : elle est devenue une réalité mondiale qui ne fait qu’augmenter, notamment au Canada, et plus particulièrement au Québec. Outre les bénéfices, le jeune doit aussi en connaître les conséquences qui peuvent se faire sentir sur son travail, ses études et sa vie personnelle. Mais avant tout, qui sont-ils?
DES JEUNES TOUJOURS PLUS NOMBREUX À OCCUPER UN EMPLOI
Voici quelques données très intéressantes provenant d’une étude menée auprès d’étudiants à temps plein, âgés de 15 à 24 ans sur la base des mois d’étude de septembre à avril entre 1976 et 2010. L’emploi étudiant sur l’ensemble du Canada révèle des disparités entre l’est de l’Ontario où les taux d’emploi sont plutôt faibles et les provinces de l’ouest – y compris l’Ontario – avec des taux plus élevés (en 2011, Terre-Neuve Labrador avait un taux d’emploi chez les étudiants de 27,5 %, alors que le taux pour le Manitoba se situait à 43,5 %, et à 38,7 % pour la moyenne du Canada). La progression a été très importante au Québec entre 1980 et 2010 avec une progression de 13 points (27 % à 40 %) ; la province a, en quelque sorte, rattrapé un retard significatif par rapport aux autres provinces qui ont connu des taux d’emploi plutôt stables, autour de 35 % jusque dans les années 2000 pour grimper à 38 % entre 2000 et 2010.
DES HORAIRES DE TRAVAIL QUI S’ALLONGENT
L’étude démontre non seulement que les jeunes sont toujours plus nombreux à travailler, mais que le temps passé chez leur employeur augmente. Impossible de mettre en place une limite de façon à préserver la réussite scolaire – trop de variables (âge, sexe, niveau d’études, pénibilité du travail, période de l’année…). Toutefois les spécialistes ont remarqué qu’il existait un seuil – de 15 heures dans les années 1990 et de 25 heures actuellement – à partir duquel le travail, qui peut être bénéfique pour le jeune, deviendrait pour lui une vraie charge avec son lot de conséquences négatives. L’allongement des horaires entre 1990 et 2000 se confirme au niveau du Canada (il est passé de 13 de 13,6 heures), cette tendance est la plus élevée au Québec (13,7 heures en 1990 et 14,7 heures en 2000). Cette hausse s’explique, en partie, par des secteurs tels que le commerce, la restauration et l’hébergement qui ont connu une forte croissance dans les années 90 à 2000 et qui ont nécessité des embauches massives durant les périodes automnales et hivernales (fêtes, vacances, loisirs…). Ces trois secteurs représentent 52,7 % du taux d’emploi des étudiants québécois en 2011.
UNE CONCILIATION À DOUBLE TRANCHANT
Nombreuses sont les raisons invoquées par les jeunes pour travailler : payer le logement et sa nourriture, s’offrir des biens et des loisirs, financer ses études… Ils en retirent divers bénéfices au niveau personnel (meilleure estime personnelle, autonomie financière), scolaire (sens de l’organisation et des responsabilités) et professionnel (acquisition d’une expérience, développement de connaissances, liens avec des adultes). Toutefois, il est bon de se rappeler que travailler tout en étudiant agit sur son horaire (travail de soir ou durant les heures de classe), son organisation du travail (charge de travail élevée, tâches répétitives ou demandant beaucoup de concentration…), sa condition physique (position debout, charges lourdes, environnement bruyant…) et ses relations interpersonnelles (ambiance mauvaise ou tendue, relation difficile entre collègues). Il n’en faut pas temps pour que s’investir dans un emploi tout en étudiant nuise à sa réussite scolaire (baisse d’énergie, de concentration et, éventuellement, de la motivation, retards répétés), impacte sa santé (stress, insomnie, mauvaises habitudes alimentaires…) et soit préjudiciable au niveau de l’emploi (baisse du rendement, risques de blessures).
À chaque étudiant son job, mais surtout son temps de travail selon sa capacité à gérer les conséquences sur sa sphère privée et professionnelle.